Les femmes savantes

Dans l’antre d’une cuisine toute équipée, cinq brillantes et bouillonnantes comédiennes emperruquées partent à l’assaut d’un
menu non moins explosif et euphorisant : l’avant-dernière pièce de Molière, sans doute l’une des plus abouties, parée de ses répliques cinglantes et rebondissements incessants. Dans cette critique du prétentieux exacerbé, qui plus est de la prétentieuse non instruite puisque nous sommes au XVII^e siècle pour rappel, Molière riait du féminisme ; alors soit, rions ici de Molière qui se moque du féminisme !

Les propos de la pièce sont bien là à savoir la préciosité, le mariage forcé, le patriarcat… le matriarcat, le tout en alexandrins bien sûr. La mise en scène est impeccable et implacable ; les tableaux s’enchaînent à un rythme effréné dans une douce folie que rien ne semble arrêter. Les corn-flakes pleuvent, les chaises volent, le robot ménager s’affole. Le classique convoque le contemporain. Hommes et femmes cherchent querelles.

Le jeu est précis et rigoureux, d’une générosité totale ; ces trublionnes ne ménagent pas leur peine et déclenchent, sans nulle interruption, rires et étonnements, tout en passant de bien forts messages. C’est haletant et intelligent, incisif et explosif.